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REPORTAGES/Droits d'auteur et droits voisins dans les lieux de culte : la grogne de l'église - Un conflit inévitable qui risque de compromettre la cohésion sociale

Le Bureau Ivoirien des Droits d'Auteur (BURIDA) a récemment pris la décision de percevoir désormais des droits d'auteur et des droits voisins dans les lieux de culte sur l'ensemble du territoire national. Cependant, cette décision rencontre une forte opposition de la part des religieux protestants évangéliques, qui y voient une violation du caractère sacré du culte chrétien. Ce qui aurait dû rester confidentiel au sein du Bureau Ivoirien du Droit d'Auteur (BURIDA) est désormais au cœur de toutes les discussions.

En effet, un document confidentiel du BURIDA dans lequel l'organisation décide de percevoir des droits d'auteur et des droits voisins dans les lieux de culte a récemment fuité sur les réseaux sociaux.

La réaction des guides religieux évangéliques n'a pas tardé à se faire entendre. Dans un communiqué, le Consistoire des Protestants Évangéliques de Côte d'Ivoire (CPECI) s'oppose fermement à cette décision, la jugeant comme une intrusion dans les pratiques religieuses. De plus, le CPECI rejette cette initiative, affirmant n'avoir jamais été consulté. Par ailleurs, il considère cela comme une désacralisation du culte et demande aux églises de ne pas adhérer au projet. Malgré cela, le BURIDA persiste dans sa position, arguant du respect du droit, avec plusieurs publications sur sa page officielle pour sensibiliser les religieux. Des messages tels que « Le droit d'auteur est le salaire des artistes, il mérite d'être rémunéré en tous lieux » ou « Responsables des lieux de culte et assimilés, exiger le paiement des droits d'auteur n'est pas un acte de profanation, mais l'exercice d'un droit constitutionnel » ont été partagés. Pour sa part, le Directeur Général des Cultes, Bamba Massaman, a tenté de calmer le jeu en prônant le dialogue. Le vendredi 08 mars, le directeur du BURIDA a été reçu en audience par le Révérend Docteur DION, Président du Consistoire des Protestants Évangéliques de Côte d'Ivoire, au siège des Œuvres de Missions Internationales à Yopougon.

Au cours de cette rencontre, le directeur du BURIDA a tenu à clarifier la situation, insistant sur le fait que l'élargissement de l'assiette de perception en cours n'avait en aucun cas pour but de persécuter les églises en Côte d'Ivoire. Suite à ces explications et aux assurances fournies par le directeur général du BURIDA, le Révérend Docteur DION s'est montré rassuré.
Mais, dans un pays où la religion joue un rôle central dans la vie quotidienne et dans la structuration de la société, tout ce qui peut être perçu comme une ingérence dans les pratiques religieuses risque de susciter des réactions fortes et potentiellement polarisantes. La division entre le BURIDA et le monde protestant évangélique pourrait conduire à des clivages au sein de la population et ainsi perturber la cohésion sociale. Il est donc nécessaire que les autorités ivoiriennes, en collaboration avec le BURIDA et les leaders religieux, trouvent un terrain d'entente par le dialogue afin d'éviter toute escalade qui pourrait nuire à l'unité nationale. La prise en compte des préoccupations et des sensibilités des différentes parties prenantes est essentielle pour garantir une approche respectueuse et équilibrée afin de préserver la cohésion sociale et la coexistence pacifique dans le pays.
Issa Malick