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SOCIETE/Depuis des mois: Minignan : l’hôpital général sans ambulance !

Les ambulances de l’hôpital général de Minignan (50 kms d'Odienné, au nord du pays) sont à l'arrêt depuis quelques mois. Et pour cause, les deux ambulances de l’établissement sanitaire sont aux arrêts.

Pour transporter les malades, la population doit faire preuve d'ingéniosité. « Nous avons un véritable problème d'ambulance. C'est notre cri du cœur. Tout va bien, sauf ce problème de transfert de malades par ambulance. Les deux ambulances que le CHR possédait sont tombées en panne.  Il y a quelques mois, lorsque les pannes survenaient, nous sollicitions le concours du conseil régional. Aujourd’hui, les pannes sont aussi récurrentes qu’il est difficile de continuer dans cette voie. Actuellement, lorsque nous devons transporter un malade, nous devons nous rendre devons solliciter celle de Sokoro, à 24 kilomètres de Minignan. Parfois, il est difficile de l’avoir parce que le centre de Sokoro a aussi des urgences. C'est un sérieux problème », explique Djemissa Diabaté, président du syndicat des transporteurs de Minignan, qui lance un appel aux autorités compétentes, notamment à la Première Dame Mme Dominique Ouattara, à travers sa fondation. « Face à ce problème, nous lançons un SOS au Ministère de la santé, à la Première Dame afin qu'ils nous aident à obtenir une ambulance ».  Selon notre interlocuteur, aujourd'hui, lorsqu'il y a un malade à envoyer à évacuer sur Odienné, les parents sont obligés de faire appel à des véhicules de particuliers et à bonnes volontés.
Interrogé, l'un des responsables du Conseil Régional du Folon a indiqué qu'un comité de gestion des ambulances existait au sein de l'hôpital. 

Mais cette information est démentie par un travailleur de l'hôpital. Ce dernier explique que le comité de gestion des ambulances, initialement mis en place lors de l'acquisition de l'ambulance en 2015, n'est plus en activité, laissant un vide dans l'organisation formelle pour la gestion de ces véhicules essentiels. « Le comité de gestion n'existe plus depuis longtemps. Il ya longtemps que l’hôpital n’a pas d'ambulance. Une ambulance a été offerte à l'époque de l’ex- conseil régional du Kabadougou mais cela date de longtemps. Elle est hors service. Il y a eu une autre ambulance  qui était propriété de l'ONU-CI.  A son départ l’a cédée au District Sanitaire. Mais l'ambulance avait déjà des problèmes dès le départ. Le District a fait de son mieux pour la maintenir en état de marche. Elle nous a servis pendant à peu près un an. Puis, l'ambulance a été endommagée. En réalité, l'hôpital général n'a qu'une seule ambulance, qui est très vieille et hors service », détaille notre source.

Mieux, un responsable du comité de gestion des ambulances a dressé un tableau alarmant de l'état actuel des services d'ambulance. 

Selon lui l’ambulance de l’hôpital a été réceptionnée en 2015. Elle a été en service pendant près de neuf ans et est maintenant vieillissante, avec des problèmes fréquents. 

Selon cette source, qui souhaite garder l’anonymat, l'ambulance est vieillissante et souffre de problèmes techniques constants. 

Le défi est amplifié par un manque de ressources pour les réparations. « Donc, de 2015 à 2024, environ huit à neuf ans, l'ambulance a été en circulation. Et cette ambulance vieillit avec de nombreuses pannes. A cela s’ajoute le fait que le comité de gestion n'existe plus depuis longtemps. Dans la gestion, nous essayions d'économiser un peu d'argent dans une caisse pour réparer l'ambulance. Sinon, nous faisions appel aux cadres locaux, aux fils de la région, pour essayer d'aider en cas de besoin de réparation. Mais au fil du temps, l'hôpital général avait un chauffeur qui avait été mis à disposition par la mairie de Minignan. Vous comprenez ? Et lorsque ce chauffeur est parti à la retraite, la mairie de Minignan n'a pas  envoyé de remplaçant jusqu’aujourd’hui. Nous avons donc été obligés de trouver un chauffeur sur le tas et de le rémunérer. Le paiement de ce chauffeur provenait des transferts qu'il effectuait et de nos propres fonds que nous utilisions pour aider l'hôpital général. C'était vraiment difficile financièrement pour nous d’assurer  de façon régulière le salaire de ce chauffeur que nous avons recruté. De plus, l'ambulance étant vieillissante, chaque sortie était sujette à des pannes. Nous devions toujours sortir les patients de l'ambulance et les transférer dans un autre véhicule. Le chauffeur dormait à côté de l'ambulance en brousse. À chaque transfert, il fallait sortir les malades pour les remettre dans un autre véhicule. Le chauffeur qui dormait en brousse. À un moment donné, nous avons réalisé que nous étions endettés auprès des garages. Et voilà. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas vous donner de panne spécifique. Mais chaque fois que l'ambulance sort, une nouvelle panne survient. Nous avons estimé qu'elle n'était plus une assurance pour les malades et  représentait un danger pour le conducteur. Il était donc judicieux de la mettre à l'arrêt », détaille notre source.


Au niveau du cabinet du ministre de la Santé, on confirme que l'hôpital général n'a pas d'ambulance. « Effectivement, l'hôpital n’a pas d’ambulance. Le directeur de l’hôpital  nous a fait savoir que l’ambulance était tellement défaillante qu'elle laissait les malades en route lors des évacuations. Il a donc pris la décision de l'arrêter. Mais le directeur de cabinet m’a rassuré que des instructions ont été données à la direction des infrastructures. Donc, une ambulance est prévue pour l'hôpital général à l’effet de pallier au déficit. C’est donc imminent », confie le proche collaborateur du ministre Pierre Dimba N’Gou. Qui reconnaît le fait qu'il n'est pas ‘’normal que l'hôpital de référence chef-lieu de région ne dispose pas d’ambulance, alors que de gros villages en ont’’.

Aussi faut-il le faire remarquer, plusieurs localités de la région du Folon rencontrent le même problème. Avec les efforts du gouvernement à doter chaque grande localité d’établissements sanitaires, il y a tout de même des problèmes de locomotion pour l’évacuation des malades en cas d’urgence. Ainsi donc, nous constatons que dans des localités comme Ouelli dans la Sous-préfecture de Mahandia-Sokourani, de Nabagala toujours dans la zone de Minignan, de Kabangoué à Tienko et bien d’autres grosses localités, le même problème existe et ne saurait être le fait des élus locaux.

Il est donc impérieux que le Ministère de la Santé et de l’hygiène publique se tourne vers la région du Folon afin de trouver une solution à ce problème, surtout avec le bitumage des axes Odienné-Mali, Odienné-Guinée, il y aura moins de problèmes liés à l’état défectueux des routes. Ce qui freinerait considérablement les nombreuses pannes liées au mauvais états des routes dans cette zone.

En attendant les malades et leurs parents vivent le calvaire d’où l’urgence pour le ministère de la Santé de vite régler ce problème qui dure.

 

Abou TRAORE