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INTERVIEWS/Après la défaite de son équipe face à la Côte d’Ivoire Aliou Cissé (Sélectionneur du Sénégal) : « Mon seul regret c’est qu’après le but on a un peu perdu le fil conducteur du match »

Après la défaite de son équipe face à la Côte d’Ivoire, le lundi 29 janvier 2024, à Yamoussoukro, le sélectionneur du Sénégal, Aliou Cissé nourrit que des regrets. Il estime que l’arbitrage était contre eux.

Quel est le sentiment qui vous amine après cette défaite ? 

Aliou Cissé : Déçu du résultat forcement, déçu forcement pour mes garçons parce qu’on était venus ici pour gagner cette Can, déçu pour notre peuple qui attendait beaucoup de nous mais fier de mes garçons. Comme on le dit quand on gagne, on est heureux. Quand on perd, il faut garder sa dignité, donc dans la défaite nous gardons notre dignité. C’était un match un peu bizarre avec des faits de jeu, pas besoin de trop revenir dessus. Mon seul regret, c’est qu’après le but, on a un peu perdu le fil conducteur du match, on a sauté trop les lignes alors qu’on avait bien débuté ce match, en contrôlant la possession, en trouvant les intervalles qui nous a permis d’attaquer les dernières lignes, on n’a pas pu tenir ça. C’est le football. En 2022, on était heureux, aujourd’hui on est triste, triste pour mes garçons, triste pour le peuple mais ainsi va le football. 

 

Est-ce qu’on sait comment vous avez perdu ? Vu que vous dites vous-même que le match était bizarre ?

Si, on sait ce qui s’est passé, on a perdu aux tirs au but. On menait au score jusqu’à cinq minutes de la fin. Je pense qu’on a eu un penalty, l’arbitre n’est pas allé voir la Var. Eux, ils ont été accrochés dans la surface de réparation, il est allé voir la Var. Ce sont des décisions qui sont comme ça. Aujourd’hui, c’était contre nous. Vraiment très déçu. Parce que quand on voit notre premier match, quand on voit la prestation qu’on a fait aujourd’hui véritablement, je pense qu’on méritait d’aller en quart de finale. Comme je l’ai dit, c’est le football qui est comme ça.

 

Est-ce le genre de tournoi où vous arrivez à faire preuve de créativité, prise d’initiative dans vos choix tactiques ? Est-ce que c’est le genre de tournoi où ressentez la volonté d’embarquer pour aller la chercher en 2025 ? 

Aujourd’hui, il est difficile de se projeter en 2025, on vient de sortir d’une défaite qui fait mal. Il faut qu’on le digère. Et on verra, on va lutter. Comme je l’ai dit, on a fourni du bon jeu, le contenu a été bon. Mais pour vous dire entre bien jouer et ne pas gagner et mal jouer et gagner, moi je préfère mieux jouer et gagner. Mais à défaut, je préfère mal jouer et gagner. On nous a beaucoup reproché qu’on n’avait pas de fond de jeu, qu’on ne jouait pas bien. Je pense que lors de ce tournoi, on fait partie des meilleures équipes de ce tournoi. Mais c’est comme ça, joué ne suffit pas. Pour l’instant on est là, on laisse passer cette défaite. 

 

Pourquoi vous n’avez pas replacé le bloc d’équipe un peu plus haut pour empêcher les Ivoiriens de venir ? Est-ce vous ne pensez pas que l’équipe a pêché à ce niveau, a laissé le ballon à la Côte d’Ivoire et s’exposer derrière ?

Il est difficile de faire des analyses là maintenant après cette défaite comme je le disais tout à l’heure. On a perdu effectivement le fil conducteur du match dès le premier but, je pense qu’on a eu beaucoup de déchets sur le plan technique. Ce n’est pas le problème du bloc. Je pense que le bloc était plutôt bien. On n’était bien en bloc mais en réalité comme je l’ai dit c’est à la récupération du ballon. C’est à la récupération du ballon qu’on a eu beaucoup de déchets, on a perdu beaucoup de ballon dans notre bloc. Quand vous jouez en bloc médiane et que vous récupérez le ballon logiquement, c’est la projection, c’est pour projeter et on a perdu les ballons à l’intérieur de notre bloc. Je pense que c’est ce qui nous a causé énormément de problème. On insultait les milieux de terrain lorsqu’à chaque fois qu’on a trouvé Sadio à l’intérieur, on a trouvé Ismaïla Sarr à l’intérieur, on a pu ravitailler nos extérieurs. Je regrette qu’on n’ait pas pu le répéter tout au long du match par rapport aux trois premiers matchs où on a pu trouver la fluidité dans le jeu. On a pu allier possession et qualité je ne peux pas expliquer le fait qu’on ait perdu le fil du match parce qu’on a marqué très tôt. Bien sûr qu’il fallait continuer à jouer. On ne peut pas gérer ce résultat pendant 88 minutes. C’est le seul regret que j’ai de ce match. 

 

Après l’ouverture du score par votre équipe, le ballon a été laissé à l’adversaire au point où vos joueurs ont été rattrapés au score. Comment expliquez-vous cela ? 

La Côte d’Ivoire avait la possession effectivement mais c’était une possession qui n’était trop dangereuse, je pense que ce match on aurait pu jouer pendant deux heures de temps, moi je ne pense pas que la Côte d’Ivoire pourrait marquer un but. On savait que ça allait se jouer sur des coups de pieds arrêtés, sur penalty. Mais si on regarde bien malgré qu’ils avaient la possession il n’y a rien qui a été dangereux sur notre côté. Le regret que j’ai -je l’ai dit et je le répète-, c’est que même si on a reculé le bloc, je pense qu’à la récupération du ballon on n’a pas été assez fluide. Notre jeu n’a pas été fluide, notre jeu n’a pas été claire, ce soir. Très compliqué, match très compliqué j’ai envie de dire que c’est nous même qui nous sommes compliqué ce match. Parce qu’on avait la possibilité de pouvoir gagner ce match. 

 

Pape Gueye était excellent à la récupération pendant les trois précédents matchs, il n’est pas là aujourd’hui, le Sénégal s’écroule !

Je pense qu’aujourd’hui, on a 27 joueurs, je le dis après, je le répète, je joue avec un collectif. Pape Gueye, il n’est pas là, il y avait d’autres joueurs qui ont bien joué. Le problème, ce n’est pas un joueur qui manque, c’est notre collectif en réalité. A un moment donné, on avait des coulissâmes à refaire ; on n’a pas beaucoup joué. On a été étouffés, on n’a pas eu assez de fluidité dans le jeu qui pouvait nous permettre de basculer cette équipe de gauche à droite et trouver l’intérieur du jeu. Ce n’est pas un problème individuel mais plutôt un problème collectif.

 

Est-ce cette élimination en 8e, ne vous donne pas l’envie de vous trouver d’autres challenges ? 

On verra ce que l’avenir nous dira. Pour l’instant, j’ai envie de digérer cette défaite. Après comme je l’ai dit, on verra avec la fédération et il y aura des discutions mais pour l’instant, je ne pense pas trop, à l’avenir. Je pense qu’à cette déception mais nos joueurs sont déçus et nous sommes tous déçus. Je sais que notre peuple, il est déçu. Pour moi, ma personne, mon avenir a peu d’importance en réalité. Ce qui est important, c’est que le Sénégal a perdu.

 

Après votre ouverture du score, les Eléphants sont revenus avec plus de caractère. Est-ce que ça été ça la clé ? Et est-ce que le Sénégal a des problèmes externes au football qui ont pu impacter l’équipe ?

Problème externe ? Je ne crois pas, cette Can nous l’avions préparée. N’oubliez pas que nous avons fait 3 matchs, 3 victoires. Je pense que la Côte d’Ivoire a mis l’intensité qu’il fallait et nous quand on a eu la possession, on l’a perdu trop vite. Ce ballon, je pense qu’on aurait dû le garder un peu plus. On a eu des pertes de balles inhabituelles. Notre circuit de jeu n’a pas été respecté, ça a favorisé l’élaboration du jeu des Ivoiriens. On a bien défendu mais mon seul regret, c’est dans l’utilisation du ballon, on a très vite perdu le fil conducteur, il était difficile de trouver des relais dans le jeu et je disais que sauter les lignes ce n’était pas la meilleure solution. Je pense que dans notre jeu de possession, le fait de trouver plus de solution à l’intérieur du jeu, ça nous a manqué alors qu’il y avait la possibilité d’entrer. Donc pour moi, on n’a pas bien utilisé le ballon ce soir. 

 

Comment expliquez-vous le penalty qui vient dans les derniers instants de la rencontre ? 

Sur le penalty, je pense que nous défendons mal, c’est une faute qu’on peut éviter. Les consignes que j’avais données aux joueurs, c’était d’allier en réalité la possession et la verticalité. On savait que quand on a marqué, ils allaient faire avancer leur ligne défensive, c’est ce qu’ils ont fait avec leurs attaquants et leurs milieux. Et c’est ce que je disais, ça nous permettait de trouver les intervalles, on a eu du mal à trouver Sadio Mané et Ismaïla à l’intérieur, c’est ce qui est un peu dommage parce que chaque fois qu’on a trouvé ces intervalles à l’intérieur du jeu, on a pu sortir. Mais je pense qu’on a perdu le fil du jeu, on a perdu le fil de ce match. Dire qu’on a marqué le but et qu’on s’est recroquevillés et ça a payé cash, je pense qu’on aurait dû continuer à jouer mais on s’est arrêtés de jouer après le but, c’est ça le regret que j’ai.

 

Comment gérer vous cette défaite avec les joueurs ? 

C’est dur de voir les garçons pleurer dans les vestiaires. C’est très compliqué de voir ses joueurs dans cet état. Lamine est un jeune joueur, il a encore l’avenir devant lui. C’est bien de le stipuler, Sadio Mané a raté un penalty en 2017, il était dans cette situation. Lamine, c’est une pépite qui va continuer encore à progresser, des Can il va en jouer et je suis sûr qu’il va en gagner d’autre, c’est dans la défaite qu’on apprend, c’est dans la défaite aussi qu’on se construit et je pense qu’il va se construire.



MJS