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SOCIETE/Meurtres à répétition en Côte d’Ivoire : des sociologues et criminologues font de graves révélations et interpellent

La population ivoirienne est encore sous le choc ces derniers temps par les meurtres à répétitions relevés dans des secteurs du pays. A ces crimes de sang, les criminologues et psychologues interpellent.

Dame Kéké Loyoh Christelle Flavie, institutrice à l’Epp Gbatongouin 2, village situé à une quinzaine de kilomètres de Man, et son fils Moyé Kouamé Kouassi âgé de 7 ans, ont été retrouvés égorgés, le 20 novembre 2023, à domicile. Une commerçante a été égorgée par son « bon petit » du quartier à Yopougon Niangon. Une autre menace de mort sur une institutrice relevée dans la ville de Taï.

Les suspects, la plupart jeune, de ces meurtres ont été interpellés et remis à la justice. Une situation qui heurte la conscience collective tout en emmenant à s’interroger sur les raisons de ces violences sans précédent.

Pour le Professeur Herman Crizoa, maître de Conférence à l’Ufr criminologie de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody interrogé par le Sursaut, le corps social est « malade ».

« A l'analyse de la situation, on peut affirmer que le corps social lui-même est très malade. Les valeurs prônées sont des contre valeurs. Les adultes tuent la jeunesse en leur donnant de faux espoirs, en sacralisant la jeunesse, en distillant la drogue à cette catégorie sociale. Le crime apparaît dans un tel contexte comme un fait banal. Le dieu argent gouverne toutes les mentalités et le politique instrumentalise », déplore cet universitaire. 

La Côte d'Ivoire a ses criminels qu'elle mérite

Pour cet enseignant en criminologie, la Côte d’Ivoire a ses criminels qu’elle mérite. De son point de vue, « la jeunesse ivoirienne manque de repère, parce que les adultes aujourd'hui ne sont plus des modèles sous le poids des difficultés économiques et des bouleversements socio-culturels. L'homme est déshumanisé, humilié dans sa chaire et son âme et est donc prêt à tout pour ne serait-ce qu'avoir une illusion de bonne santé physique, mentale et financière et le remède le plus rapide c'est la drogue qui aujourd'hui est la chose la mieux partagée par la jeunesse en Côte d'Ivoire ».

Et donc sous l'effet combiné de la drogue et la volonté de s'enrichir de façon rapide et illicite, il ne reste plus qu'à braver les interdits peu importe la manière mais pour un oui ou un non, le crime est présent et en avant. 

Des pistes de solutions

Les personnes ressources interrogées sont unanimes. Pour y remédier l’universitaire Crizoa, catégorique, « il faut revoir l'échelle des valeurs.  Il faut redonner de l'espoir à la jeunesse en valorisant l'école, le civisme, luttant contre l'impunité et le réseau des parents, amis et connaissances mafieux ».

Pour la psychologue Olga Boka, par ailleurs animatrice radio, appelle les gens qui présente des signes de faiblesses mentales à se faire écouter. « Il est important de noter que chaque situation est unique et que les causes peuvent varier d'une zone à une l'autre. Si vous êtes préoccupé par vous-même ou par quelqu'un d'autre qui présente des signes de détresse émotionnelle, il est crucial de rechercher une aide professionnelle auprès de ressources disponibles, tels que les professionnels de la santé, les hotlines d'urgence ou les services de soutien psychologique », explique la professionnelle de la santé mentale.

Sandra Kohet