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SOCIETE/Meurtres à répétition en Côte d’Ivoire : Il faut « renforcer la santé sociale et relationnelle », (Coach Gnamien, Interview)

Dame Kéké Loyoh Christelle Flavie, institutrice à l’Epp Gbatongouin 2, village situé à une quinzaine de kilomètres de Man, et son fils Moyé Kouamé Kouassi âgé de 7 ans, ont été retrouvés égorgés, le 20 novembre 2023, à domicile. Une commerçante a été égorgée par son « bon petit » du quartier à Yopougon Niangon. Une autre menace de mort sur une institutrice relevée dans la ville de Taï. Il faut renforcer la santé sociale et relationnelle, le conseil que donne monsieur Gnamien dans cet interview.

Quels sont les facteurs sociologiques qui peuvent expliquer l'émergence et la perpétuation de crime de sang ?

Du point de vue sociologique, parmi les facteurs sociologiques qui peuvent expliquer l’émergence et la perpétuation de meurtres en série figurent, d’abord, les facteurs liés aux perceptions. Ces facteurs prennent en compte la construction sociale du bien et du mal, le regard porté sur les autres (comme cause d’une frustration ou autre), le regard porté sur la relation avec les autres moi qui ne sont pas moi (source d’égocentrisme et de manipulation).

On a également les facteurs liés aux valeurs. Ils renvoient au sens donnés aux interdits sociaux et celui qui est donnée au respect de la personne humaine.

Ensuite, on a les facteurs liés aux pratiques. Ces facteurs portent sur la  réduction des actions qui renforcent les liens de solidarité et d’empathie, les blessures sociales et émotionnelles non guéries ou mal guéries et la faible éducation à l’empathie et à l’acceptation de la différence.

Enfin, on a les facteurs liés aux normes sociaux. Ils portent sur l’importance accordée aux normes sociales, la sincérité ou non dans l’interprétation des normes sociales et la faible protection du citoyen contre le non-respect des normes sociales.

Quelles mesures proposiez-vous pour une atténuation de ce phénomène ?

Pour atténuer  les meurtres en série, je propose de reconnaitre l’existence des psychopathes, d’apprendre à identifier leurs œuvres et le dissocier des œuvres des individus qui ne sont pas nécessairement des psychopathes, de mettre fin à toutes formes de négligences dans la nécessité d’employer  des sociologues, des anthropologues et des psychologues pour accompagner la résolution des problèmes sociaux à tous les niveaux (une forme de négligence qui survient par ignorance), de renforcer la santé sociale et relationnel (travail qui revient essentiellement aux sociologues et aux anthropologues) sans écarter le renforcement de la protection des personnes et des biens. 

 

Comment reconnaître une personne psychopathe ?

Tout d’abord, il faudrait faire la différence entre un sociopathe et un psychopathe. 

Un sociopathe est une personne affectée de troubles de la personnalité entraînant un comportement asocial. Un comportement asocial ou antisocial est un comportement qui n'est pas adapté à la vie sociale.         Il s'y oppose. On peut le considérer comme une sorte de dysfonction de la façon de penser d'une personne, de sa perception des situations et de sa relation avec autrui. Un comportement antisocial peut être normal. Il n'indique une maladie sous-jacente que lorsque les sentiments deviennent excessifs et épuisants, et interfèrent avec la vie quotidienne.

Un psychopathe est un individu atteint de déséquilibre psychique caractérisé par une déficience du contrôle des émotions et des impulsions, l'incapacité d'adaptation au milieu menant à des conduites antisociales. Le psychopathe est celui qu’on appellera également personnalité antisociale ou personnalité dyssociale.

Pour reconnaitre un psychopathe, plusieurs comportements permettent de l’identifier. Mais, parmi tous ces comportements, citons en 5 : Le manque d’empathie excessif, la difficulté à supporter les frustrations, réaction excessive face aux limites (crises de colère, actes violents, coupure brutale des relations avec les concernés), difficultés à exprimer (et à verbaliser) ses émotions, aucune sensation de culpabilité (susceptible de conduire à la manipulation). Lorsque vous observez ces comportements chez un individu, il est possible qu’il présente des indicateurs de psychopathie. 

Incapable d'empathie, les personnes psychopathes sont par définition très manipulatrices afin de faire passer leur gain personnel avant celui des autres. Ils useront de mensonges, de stratégies, de tromperie voire de violence pour arriver à leurs fins. Ce problème d'absence d'empathie explique pourquoi ils n'ont aucune morale et donc aucune limite à faire du mal à autrui physiquement et moralement. D'où leur dangerosité. Mensonges, manipulations, violence... font partie de leur quotidien. 

Les psychopathes sont prêts à tout pour que chaque chose convienne à leurs envies. Tout individu, lorsqu’il n’agit pas comme le psychopathe le souhaite, lui rappelle cette réalité qu’il déteste. Il n’est pas question de déni ou de fuite de la réalité, un psychopathe cherche juste à la modifier pour qu'elle soit conforme à l’idée que lui se fait. Si quelqu'un agit différemment, il fera tout pour le détruire. Et s'il fait du mal c'est uniquement parce que les autres l'ont bien cherché. Une personne atteinte de psychopathie a conscience du mal qu'elle cause à l’autre. Pour éviter que les autres ne fassent quelque chose qui lui déplaise ou l'angoisse, elle utilise la tromperie. 

 Jamais un psychopathe n’avoue sa culpabilité. Rien n’est de sa faute. Il cherche à trouver n’importe quoi pour se justifier ou tente de manipuler l’autre pour lui faire croire que tout est de sa faute. Les psychopathes ont tendance à rabaisser les autres continuellement. C’est une sorte d’extériorisation agressive afin de détruire tout ce qui peut leur faire mal.

Réalisée par Sandra Kohet