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SOCIETE/MUTUELLE DES TAXIS COMPTEURS D’ABIDJAN : ‘’Braquage’’ à la tête de la MATCA ?

Tout sur la crise inédite qui secoue la mutuelle

Un nouvel épisode de tension vient secouer la Mutuelle d’Assurance des Taxis Compteurs d’Abidjan (MATCA). Le jeudi 18 avril, un groupuscule de transporteurs se réclamant du "collectif des souscripteurs" a pris d’assaut le siège de la mutuelle à Abidjan. Leur objectif : installer un nouveau Directeur Général par intérim, M. Sery Kanon Roger. Un acte vivement dénoncé par les délégués légitimement élus de la structure, qui y voient un véritable "braquage institutionnel".

Ce coup de force est survenu dans un contexte délicat, marqué par l’incarcération du Directeur Général en exercice, M. Élie GUEDOU Ousmane, pour une affaire liée à une fraude sur la nationalité. Une situation juridique encore non tranchée, puisque l’intéressé n’a pas été définitivement condamné, comme l'ont souligné plusieurs délégués. En vertu du principe du parallélisme des formes, les sociétaires rappellent que seul un vote en Assemblée Générale — instance suprême de la mutuelle — peut mettre fin aux fonctions d’un DG élu.

« Ce collectif illégal a clairement opéré un coup de force. Et cela est inacceptable », a dénoncé Sory Traoré, un propriétaire de 55 taxis, sociétaire de longue date. Pour lui, cette irruption ne repose sur aucune base juridique. Et d’ajouter : « On ne peut pas cautionner une telle dérive sans mettre en danger la stabilité et les acquis de notre mutuelle. »

Les réactions ne se sont pas fait attendre. M. El Katary, porte-parole des délégués, a vigoureusement condamné cette tentative de prise de pouvoir sans fondement légal. Il a rappelé que M. GUEDOU Élie a été désigné lors d’une Assemblée Générale régulière, et qu’il ne peut être remplacé qu’à l’issue d’un processus démocratique similaire. « Il y a des règles à respecter. Ce n’est pas à un groupe autoproclamé de décider qui dirige la MATCA », a-t-il martelé.

Certains dénoncent également une volonté manifeste de semer le chaos, en remettant en cause la stabilité retrouvée de l’institution après des années difficiles. Sous la direction de M. GUEDOU, la MATCA est passée d’un déficit en 2012 à un excédent budgétaire significatif en 2023. « Il a même lancé la construction de la tour MATCA au Plateau. C’est du concret ! Pourquoi veut-on le remplacer ? Il faut nous expliquer », s’est insurgé Soumahoro Ladji, autre sociétaire.

Pour les représentants légitimes de la mutuelle, la gestion actuelle est à saluer. En témoignent les nombreuses réformes entreprises, regroupées sous le programme "MATCA Nouvelle Vision", notamment la certification ISO, l’ouverture de plusieurs nouvelles agences dans des quartiers populaires comme Abobo, Yopougon et Marcory, ainsi que la mise en œuvre de projets sociaux d’envergure. Parmi eux, un programme immobilier pour les propriétaires de taxis et un centre de santé pour les chauffeurs.

Chérif Mohamed, délégué élu, insiste sur le caractère collégial de la gestion : « Nous sommes 52 délégués élus dans tout le Grand Abidjan. Rien ne se décide sans vote. Même ceux que l’on appelle les ‘opposants internes’ veillent à la rigueur dans les choix. » Selon lui, les accusations de détournement sont infondées et relèvent d’une volonté de manipuler l’opinion pour justifier un acte de piraterie interne.

Plus grave encore, les auteurs de cette tentative de putsch seraient, selon les délégués, des syndicalistes n’ayant aucun lien juridique direct avec la MATCA. « Certains ne sont même pas propriétaires de taxis ! Sur quelle base se permettent-ils de dissoudre un Conseil d’administration élu et de nommer un DG intérimaire ? », s’est interrogé le porte-parole avec indignation.

Dans ce climat de tension, les sociétaires lancent un appel ferme à l’État de Côte d’Ivoire afin qu’il garantisse le respect de la légalité. « La MATCA appartient aux vrais propriétaires de taxis, pas à des aventuriers sans mandat. Si rien n’est fait, nous nous réservons le droit d’agir, mais toujours dans le respect des populations », ont-ils prévenu.

En effet, les progrès accomplis sous l’actuelle direction ne sont pas anecdotiques. Le délai de traitement des sinistres, qui pouvait aller jusqu’à un an, a été réduit à moins de deux mois. « C’est la preuve d’un travail rigoureux, méthodique, respectueux des sociétaires. Ceux qui veulent renverser cela sont les mêmes qui, hier, bloquaient tout », a souligné Chérif Mohamed.

Aujourd’hui, les délégués de la MATCA refusent de céder à l’intimidation. « Non au braquage ! La MATCA doit rester entre les mains de ses véritables propriétaires », clament-ils d’une même voix. Entre cabale, tentative de déstabilisation et illégalité manifeste, cette nouvelle crise pourrait bien marquer un tournant dans la vie de la mutuelle. Les regards sont désormais tournés vers les autorités compétentes pour rétablir l’ordre et la légitimité.

A.Traoré